Le Centre aquatique olympique a été inauguré début avril à la Plaine Saulnier, dans la ville de Saint-Denis (93). Lancés en 2020, les travaux ont débuté par la dépollution des sols de ce site au passé industriel. Retour sur un chantier qui a duré 14 mois.
Aujourd’hui coincé entre le Stade de France et l’A86, le site de la ZAC Saulnier (120 000 m2), aménagé par la Métropole du Grand Paris, a déjà vécu plusieurs vies avant celle qui va s’ouvrir avec l’accueil des compétitions olympiques de plongeon, de water-polo et de natation artistique : dévolue jusqu’alors à l’agriculture, la parcelle est acquise au début des années 1880 par la Compagnie parisienne d’éclairage et de chauffage par le gaz qui y bâtit une usine : celle-ci devient, au début du XXème siècle, l’une des plus importantes usines à gaz en Europe, avec chaque jour 3 300 t de houille traitées. La production s’arrête au début des années 1970, et une partie du terrain est utilisée par Gaz de France pour y implanter son site de recherche, qui emménage à Stains en 2019.
Étudier l’histoire du site
Anecdotiques, ces petits rappels historiques ? Loin s’en faut ! En matière de dépollution, ils sont même nécessaires pour orienter les études qui permettront de réaliser les évaluations des risques sanitaires (ERS) et celles des risques environnementaux (ERE) préalables à la suite des travaux. Cette phase amont destinée à statuer sur les sources de pollution débute dès 2018 pour Antea Group, en charge d’élaborer toute la stratégie de dépollution du site.
La société d’ingénierie épluche des centaines de documents. Elle identifie ainsi plusieurs sources potentielles de pollution, en lien avec les activités de l’ancienne usine à gaz (parcs à charbon ou à mâchefers, zones de criblage, ateliers divers, gazomètres, fosses à déchets de craquage, etc.) ou avec celles du centre de recherche d’Engie (station-service, cuves à fioul, chaufferies, groupes électrogènes, bancs d’essais moteurs, salles de compresseurs, gazomètres d’essais, etc.). Les installations du centre de recherche ont été dépolluées selon les normes actuelles. Les principales pollutions identifiées sont liées à la présence d’hydrocarbures.
Des dizaines de milliers d’analyses
Guidées par les études effectuées sur l’histoire et les usages passés du site, les mesures de concentration sont réalisées par des laboratoires accrédités Cofrac. Sur cette seule phase de diagnostic, ce sont ainsi plus de 400 sondages qui sont effectués, avec plus d’un millier d’échantillons prélevés, soit plusieurs dizaines de milliers d’analyses commandées aux laboratoires.
Cette phase de diagnostic permet à Antea Group d’établir le plan de gestion : il définit les mesures à mettre en place pour rétablir la compatibilité du site et gérer les sources de pollution concentrée au droit du site. Dans le cadre de ce plan de gestion, c’est la solution de terrassement qui a été retenue, sous tentes dans la zone Ouest. Moins polluées, les autres zones peuvent être traitées à l’air libre, en quelques jours, grâce à l’utilisation de dispositifs de brumisation.
Les travaux
Titulaire du marché principal des travaux, Séché Environnement intervient au niveau de la gestion des terres excavées et terrassées par l’entreprise Charier. Au total, quelque 190 000 m3 de terres sont excavées, sur une profondeur de 3 à 14 m. Sur ce total, environ 50 000 m3 de terres aux pollutions concentrées sont évacuées vers les différentes filières agréées. La société Biogénie est mise à contribution pour le traitement biologique et la désorption thermique des terres contaminées.
Après travaux, le site dépollué fait l’objet d’une nouvelle phase de diagnostic pour vérifier la compatibilité sanitaire envisagée avant travaux et contrôler la qualité des eaux souterraines pendant quatre ans minimum.
En conclusion, le chantier de dépollution du Centre aquatique olympique de la Plaine Saulnier à Saint-Denis a permis de gérer efficacement les pollutions historiques du site, notamment liées aux hydrocarbures. Les mesures prises ont permis de décontaminer les sols de manière sécurisée et d’assurer la compatibilité sanitaire du site pour les futures compétitions olympiques.
pour en savoir plus : le chantier de la ZAC Saulnier, un cas d’école ?