Les mots ont le pouvoir d’entretenir le statu quo ou de créer un nouveau paradigme.

La linguiste appliquée Pauline Bureau, également vice-présidente de la Fabrique écologique, a mené une analyse sur le lexique de la transition écologique et du changement climatique. Cette étude met en lumière l’importance des mots utilisés pour parler de ces phénomènes. Les termes associés à ces enjeux peuvent influencer notre perception de la réalité et notre capacité à agir.

Selon Pauline Bureau, les mots ne sont pas neutres. Ils sont porteurs de points de vue spécifiques et sont utilisés par différents acteurs tels que les experts, les politiques, les énergéticiens et les ONG. Ces termes permettent d’affirmer l’existence des crises climatiques actuelles et de soutenir des actions en faveur de la transition écologique. Cependant, certains mots peuvent être ambigus, suscitant à la fois la peur et le rejet, ou au contraire l’action et la mobilisation.

Face à cette ambiguïté, de nouveaux termes et expressions émergent pour mieux rendre compte de la réalité du changement climatique. Des concepts tels que le symbiocène ou la solastalgie permettent d’exprimer des idées complexes et de nouvelles perceptions de notre relation avec la nature. Cependant, certains termes comme « écoterrorisme » sont stigmatisants et contribuent à polariser le débat.

Pour éviter la manipulation des mots et garantir une meilleure compréhension des enjeux, Pauline Bureau recommande de préciser le sens des termes utilisés et de les relier aux faits scientifiques. Une approche factuelle permet de distinguer un discours alarmant d’un discours alarmiste. Des recommandations précises, telles que celles énoncées par le journal The Guardian, encouragent les journalistes à réfléchir au choix des mots pour parler du changement climatique.

Enfin, au-delà des mots, il est essentiel d’adopter de nouveaux angles de narration pour aborder les enjeux climatiques. Plutôt que de se concentrer uniquement sur les conséquences, il est possible d’explorer les réponses et les nouveaux paradigmes pour repenser notre rapport à la nature. Des disciplines émergentes, telles que le biodesign et la bioarchitecture, proposent des approches novatrices basées sur la collaboration avec le vivant. Ces nouveaux termes et concepts peuvent être des outils clés pour faciliter la transition écologique, à condition d’être compris et adoptés par le grand public.

En conclusion, l’analyse du lexique de la transition écologique et du changement climatique révèle l’importance des mots dans la construction de notre compréhension des enjeux environnementaux. Une utilisation précise et réfléchie des termes peut contribuer à sensibiliser le public et à promouvoir des actions concrètes en faveur de la transition écologique.

Cet article a été publié le 06 mai 2024.

pour en savoir plus : « Les mots constituent de puissants outils pour perpétuer le modèle actuel ou en établir un nouveau »