Réorganiser la stratégie de décarbonation européenne à la manière du plan Draghi pour en faire un avantage économique.

L’ex-président du Conseil des ministres d’Italie et ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, a remis un rapport crucial à Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, le 9 septembre dernier. Dans ce rapport, il met en garde contre la « lente agonie » de l’Union européenne et propose un plan pour reconquérir la compétitivité économique tout en valorisant la décarbonation de l’industrie européenne.

Pour atteindre ses objectifs climatiques ambitieux, l’Europe devra investir massivement dans la décarbonation de ses principaux secteurs manufacturiers tels que la chimie, la sidérurgie, le papier et le ciment, avec un investissement estimé à 500 milliards d’euros sur les quinze prochaines années. De plus, des investissements annuels de 100 milliards d’euros seront nécessaires pour les secteurs des transports aérien et maritime entre 2031 et 2050.

L’Europe se distingue déjà en matière de transition énergétique, avec 22% de sa consommation d’énergie finale provenant de sources renouvelables en 2023, contre 14% en Chine et 9% aux États-Unis. Toutefois, se donner des objectifs de décarbonation implique des investissements massifs immédiats pour les entreprises européennes, contrairement à leurs homologues américaines ou chinoises. La Chine, en particulier, devrait doubler sa productivité annuelle dans des technologies telles que le photovoltaïque d’ici 2030, ce qui soulève des défis pour l’Europe en termes de souveraineté et de compétitivité.

Pour Mario Draghi, la clé pour sortir de cette situation est l’optimisation. L’UE doit se concentrer sur des projets stratégiques où elle reste compétitive, ainsi que combler l’écart d’investissement dans l’innovation et les technologies propres. Il recommande également de réformer le cadre financier pluriannuel de l’UE pour permettre des financements suffisants pour les grands projets industriels.

Le rapport Draghi préconise la mise en place d’un Pacte vert industriel, qui donnerait un cadre clair aux entreprises européennes pour sécuriser leurs investissements à long terme. Cependant, il soulève des inquiétudes quant à une possible révision à la baisse des objectifs climatiques si l’Europe ne parvient pas à améliorer sa productivité économique.

En conclusion, le rapport de Mario Draghi met en avant l’importance d’une politique d’industrialisation verte pour répondre aux défis économiques et climatiques de l’Europe. Il appelle à ne pas céder au court-termisme économique au détriment des enjeux sociaux et environnementaux, soulignant la nécessité de trouver un équilibre entre compétitivité et durabilité pour assurer le renouveau de l’économie européenne.

pour en savoir plus : La mthode du rapport Draghi pour faire de la dcarbonation europenne un atout conomique