Le projet d’un nouveau barrage sur le cours du Rhône, baptisé « Rhônergia », a été abandonné par l’Etat, selon une annonce de la Compagnie nationale du Rhône (CNR). Ce barrage devait se situer entre les départements de l’Ain et de l’Isère, à une quarantaine de kilomètres en amont de Lyon. Prévu pour être opérationnel d’ici à 2033, le barrage aurait créé une retenue de 22 kilomètres de long, avec une chute d’eau de 6,8 mètres de haut, permettant de produire 140 gigawattheures (GW/h) par an, soit la consommation électrique annuelle de 60 000 habitants.
La décision d’abandonner le projet a été motivée par des risques techniques sur le projet EPR2 du Bugey, une centrale nucléaire située près du site du barrage. En effet, le fonctionnement des réacteurs de nouvelles générations prévus dans cette centrale aurait été compromis par l’interaction avec le barrage.
En plus des risques techniques, l’opposition locale au projet a été forte. Les services d’Etat ont souligné que plus de 90% des avis recueillis lors de la concertation préalable étaient négatifs. Les objections portaient notamment sur les aspects environnementaux du projet, avec des craintes pour la biodiversité de la région qui abrite des espèces protégées.
Malgré les arguments de la CNR sur les bénéfices potentiels en termes d’indépendance énergétique du pays et de production décarbonée, l’opposition au projet a persisté. Les critiques ont mis en avant un impact environnemental négatif jugé bien supérieur aux avantages énergétiques.
La concertation préalable a également révélé une forte mobilisation citoyenne contre le barrage, avec plus de 8 500 signatures sur une pétition. Des slogans hostiles au projet ont été affichés sur des panneaux et des ronds-points, signés des Soulèvements de la Terre, laissant craindre une amplification de la contestation.
En fin de compte, le projet Rhônergia est devenu un sujet sensible dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, concentrant les critiques des défenseurs de l’environnement. L’abandon du barrage marque ainsi une victoire pour ceux qui ont alerté sur les conséquences environnementales et technologiques du projet.
En somme, l’abandon du projet de barrage Rhônergia sur le Rhône illustre les tensions entre les impératifs de transition écologique et les projets d’infrastructures énergétiques traditionnelles. Cette décision témoigne de la nécessité de prendre en compte les enjeux environnementaux et sociaux dans les décisions d’aménagement du territoire.