L’Organisation maritime internationale (OMI) a échoué à parvenir à un accord ambitieux pour lutter contre le changement climatique lors de sa réunion à Londres. Les pays membres, réunis à quelques mois de la COP28 sur le climat, devaient rehausser leurs engagements climatiques pris en 2018, qui prévoyaient une réduction des émissions de 50% en 2050. Les nouveaux objectifs visent désormais une réduction d’émissions d’au moins 20%, voire 30% d’ici à 2030, et d’au moins 70%, voire 80% d’ici à 2040. Cependant, ces objectifs ne sont que des fourchettes indicatives et ne suffisent pas à respecter l’objectif de l’Accord de Paris de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.
Certaines nations, telles que les États insulaires du Pacifique, les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada, ont fait pression pour des objectifs plus ambitieux considérant les recommandations du GIEC. Cependant, des pays exportateurs majeurs tels que la Chine, le Brésil et l’Argentine s’y sont opposés pour des raisons économiques.
La mise en place d’une taxe carbone sur le transport maritime, soutenue par 70 pays, a cependant survécu aux négociations et sera évaluée parmi d’autres solutions lors de la prochaine réunion de l’OMI. Cependant, le processus d’adoption de cette taxe devrait durer jusqu’en 2025, ce qui est jugé trop lointain par rapport à l’urgence climatique.
Le transport maritime est responsable de 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, avec près de 90% des marchandises transportées par la mer, dont 40% sont des énergies fossiles. Si aucune action n’est prise, l’empreinte carbone du secteur pourrait atteindre 17% d’ici 2050. Le fioul lourd utilisé dans la propulsion de la plupart des navires est particulièrement polluant.
De nombreux acteurs de la société civile ont exprimé leur déception et leur colère face à cet accord considéré comme insuffisamment ambitieux. Certains appellent à l’adoption de taxes sur le carbone au niveau national et régional, d’au moins 100 dollars par tonne d’émissions de gaz à effet de serre.
L’Union européenne a adopté en mars dernier un règlement ambitieux visant à réduire progressivement l’intensité des gaz à effet de serre des carburants utilisés par le secteur maritime. Cependant, chaque année de retard dans la réduction des émissions coûtera 100 milliards de dollars supplémentaires à l’industrie du transport maritime pour se décarboner, selon une étude de l’University College London.
Il est donc urgent que des mesures plus ambitieuses soient prises pour réduire les émissions du transport maritime et lutter contre le changement climatique.
Source