Le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial s’est tenu à Paris, et selon Geneviève Pons, spécialiste des enjeux environnementaux, il souligne l’urgence de réformer les institutions internationales pour mieux accompagner les pays vulnérables dans leurs transitions économique et écologique. Le sommet n’a pas pris de décisions formelles, mais il a permis d’avancer de 100 milliards de dollars les décaissements au profit des pays en voie de développement et de fixer une feuille de route des réformes nécessaires des institutions financières internationales.
La France est légitime à accueillir un tel sommet car elle a joué un rôle clé dans les accords de la COP 21 et a une forte légitimité sur les questions climatiques. De plus, le président Emmanuel Macron lance des initiatives bien inspirées, comme son appel à l’interdiction de toute exploitation minière des fonds marins.
Le nouveau pacte financier mondial vise à renforcer le financement de l’aide au développement et de la transition climatique pour les pays du Sud, tout en réformant les institutions de Bretton Woods. Le changement climatique est principalement causé par les combustibles fossiles, qui ont été utilisés en premier lieu par les pays du Nord, responsables historiques du changement climatique. Il est donc essentiel d’avoir une justice climatique et de soutenir les pays les plus vulnérables dans leur transformation, leur adaptation et la réparation des dommages.
Le coût de la décarbonation est estimé entre un et trois trillions d’euros par an, alors que seuls 200 à 300 milliards d’euros sont actuellement alloués au développement chaque année. Il est donc nécessaire d’atteindre l’engagement du G20 de donner 100 milliards d’euros par an aux pays en développement, de faire appel aux financements privés et de réformer le système financier de Bretton Woods. Il faut également renforcer les chaînes de production des pays en développement afin qu’ils puissent mieux vivre de leurs exportations.
La réallocation des Droits de tirage spéciaux (DTS) est une idée consensuelle pour recréer de la solidarité internationale. Les DTS sont un instrument monétaire faisant office de réserves de liquidités internationales et leur répartition est inégale. Réallouer les DTS vers les pays vulnérables est donc nécessaire.
La création d’une taxe carbone mondiale ou d’une taxe carbone maritime est une excellente idée, mais il est difficile d’atteindre un consensus politique à ce sujet. Cependant, une taxe carbone maritime pourrait rapporter 200 milliards d’euros par an et financer la transition énergétique des pays du Sud.
En ce qui concerne le désendettement des pays les moins solvables, il est nécessaire de renégocier et alléger le poids de leur dette à grande échelle. La suspension de la dette en cas de catastrophe naturelle, proposée par la Première ministre de la Barbade, est un principe retenu à Paris. Il faut également saluer les innovations telles que l’échange de dette contre des actions pour protéger la biodiversité.
Enfin, il est important d’appliquer le principe du “pollueur-payeur” aux pays du Golfe, qui ont fait leur fortune sur l’exportation de pétrole. Un mécanisme de “take-back” pourrait également obliger les pays exportateurs et les industries de combustibles fossiles à réparer une partie des dégâts qu’ils ont causés.
En conclusion, le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial est un pas dans la bonne direction pour mieux accompagner les pays vulnérables dans leurs transitions économique et écologique. Il met en évidence l’urgence de réformer les institutions internationales et de renforcer les financements pour l’aide au développement et la transition climatique.
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