Selon une analyse publiée dans la revue scientifique One Earth, il est nécessaire de prendre en compte les motivations derrière les émissions de carbone lors de la taxation et d’appliquer un taux plus élevé pour les émissions liées à une consommation de luxe. Les auteurs de l’analyse soutiennent que toutes les tonnes de carbone ne peuvent pas être évitées de la même manière et que la même tonne de carbone apporte des avantages différents en fonction de la personne qui consomme et de l’usage qu’elle en fait.
Actuellement, les propositions de taxation du carbone s’appliquent à toutes les émissions à un taux égal, ce qui accroît les inégalités. Des recherches ont montré que ces politiques ont tendance à affecter davantage les ménages à faible revenu dans les pays à revenu élevé, sans avoir un effet significatif sur les émissions. Les auteurs soulignent qu’il existe une injustice en matière d’utilisation du carbone à des fins de base ou de luxe, mais qu’elle n’a pas encore été traduite en politique explicitement.
Pour tester l’effet d’un programme fiscal qui fait la distinction entre les émissions provenant d’activités de base ou de luxe, les chercheurs ont construit un modèle basé sur les empreintes carbone des ménages de 88 pays différents. Ils ont défini un taux d’imposition différent pour chaque type d’achat, veillant à ce que les activités qui représentent une plus grande part des dépenses des personnes à faible revenu soient moins taxées que celles qui représentent une plus grande part des dépenses des personnes à revenu élevé.
Les résultats montrent que 52 % des recettes de la taxe carbone mondiale proviendraient des achats de luxe, contre 37 % dans le cadre d’un taux de taxe uniforme. Cette approche serait plus équitable en fonction du revenu des ménages, touchant moins les ménages à faible revenu et plus les ménages à revenu élevé. De plus, cette stratégie serait légèrement plus efficace pour réduire les émissions annuelles des ménages à court terme.
Cependant, cette approche ne serait pas applicable dans les pays à faible revenu, où la taxe uniforme sur le carbone cible déjà les groupes à revenus élevés. De plus, la mise en œuvre d’une taxe sur le carbone axée sur le luxe pourrait être difficile en pratique, car peu de pays disposent d’un régime de taxe sur le carbone aussi rigoureux. Les groupes à hauts revenus, directement visés par cette approche, pourraient s’opposer violemment à une telle mesure et exercer des pressions sur les responsables politiques. Malgré ces défis, les auteurs estiment que les politiques climatiques devraient tenir compte de la nature différente des objectifs de consommation afin d’améliorer l’équité de la politique climatique.
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