Attnuer l’impact de la France sur les changements climatiques, puis valuer la performance de cette action : c’est le travail du Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa) depuis trente ans. Sous la présidence de Jean-Guy Bartaire, le Citepa insiste sur l’importance de la transparence et de la comptabilité pour atteindre les objectifs climatiques. En effet, il est crucial que les États et les entreprises prennent des mesures d’atténuation et rendent compte de leur contribution aux changements climatiques au fil du temps.
Le Citepa a récemment publié les chiffres des émissions nationales de gaz à effet de serre pour le premier semestre de l’année 2024. Selon ces estimations, les émissions françaises ont diminué de 4,8% sur une période d’un an, ce qui montre une légère décélération par rapport aux résultats précédents. En effet, une analyse plus poussée révèle une baisse de seulement 3,6% par rapport à la même période de l’année précédente, ce qui est en deçà des objectifs nécessaires pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Cette baisse des émissions soulève des questions quant à la durabilité des mesures prises jusqu’à présent. Pour Anne Bringault, coordinatrice des programmes du Réseau Action Climat, cette décélération est un signal d’alarme qui montre la nécessité de mesures structurelles adéquates pour maintenir une diminution significative des émissions de gaz à effet de serre.
Le travail de comptabilité carbone men par le Citepa est essentiel pour évaluer l’efficacité des politiques climatiques, tant publiques que privées. Depuis sa création en 1961, le Citepa établit un inventaire des émissions de GES en conformité avec les engagements internationaux tels que la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, le Protocole de Kyoto et l’Accord de Paris. Ces rapports, comme le rapport national intégré et le rapport Secten, contribuent à la formulation de la contribution déterminée au niveau national (NDC) requise pour respecter les objectifs climatiques mondiaux.
Cependant, des lacunes persistent dans le suivi des émissions. Le Citepa reconnaît le besoin d’amélioration, notamment dans la prise en compte des émissions liées au traitement des déchets et à l’absorption par les puits de carbone. Malgré ces défis, des progrès significatifs ont été réalisés pour réduire l’incertitude des estimations grâce à des avancées méthodologiques et à une collaboration étroite avec des organismes internationaux tels que le Giec.
En parallèle, le Service des données et études statistiques (Sdes) établit une estimation de l’empreinte carbone de la France, qui prend en compte les émissions associées aux importations. Cette approche plus rigoureuse révèle que l’empreinte carbone nationale est environ 50% plus élevée que l’inventaire des émissions de GES.
Afin d’améliorer le diagnostic et d’élargir la vision de l’empreinte carbone française, le Sdes adopte une approche macroéconomique basée sur un nouveau modèle développé par Eurostat. Cette approche permet d’estimer plus précisément l’impact climatique de la France en prenant en compte les émissions de production d’une cinquantaine de pays non européens.
En conclusion, le travail minutieux du Citepa et du Sdes est essentiel pour évaluer les progrès de la France en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Malgré les défis persistants, des avancées notables ont été réalisées pour améliorer la précision des estimations et rendre compte de manière transparente de l’empreinte carbone nationale.
pour en savoir plus : estimer l’empreinte de la France, un travail subtil mais ncessaire