L’industrie et la transition écologique : une évolution conjoncturelle ou volontaire ?
Selon un rapport du Réseau Action Climat (RAC) publié le 16 juillet, la baisse des émissions de gaz à effet de serre de l’industrie en France en 2023 est principalement due à la conjoncture économique plutôt qu’à une volonté politique. En effet, les émissions ont diminué de 7,8%, principalement en raison de la baisse de la production de produits comme le ciment et l’acier. Cependant, les filières de l’acier et du ciment ont enregistré des baisses différentes, allant jusqu’à 14% pour l’acier et 7% pour le ciment, tandis que la ptrochimie n’a enregistré qu’une baisse de 1,8%.
Malgré ces chiffres encourageants, le RAC souligne le besoin pour le secteur industriel de s’engager davantage dans la transition écologique. En effet, l’objectif de réduction des émissions industrielles de 36,5% d’ici 2030 par rapport à 2023, prôné par le Secrétariat général à la planification écologique (SGPE), nécessite des efforts et des garanties supplémentaires.
Le rapport met en lumière le rôle crucial de l’État dans ce processus, en offrant un soutien financier substantiel aux industriels tout en exigeant des garanties solides. Malheureusement, les contrats de transition écologique (CTE), censés encadrer les trajectoires de réduction des émissions, ne semblent pas suffisamment contraignants, laissant planer des incertitudes quant à leur mise en œuvre.
Par ailleurs, le rapport met en garde contre le « surcoût vert » de la décarbonation industrielle, soulignant la nécessité pour l’État de limiter ce surcoût et de donner aux industriels une visibilité à long terme sur la rentabilité de leurs investissements. Selon l’Institut Rousseau, le coût de la décarbonation s’élève à 48 milliards d’euros d’ici 2050, soit plus du double des estimations du SGPE.
Enfin, le rapport du RAC souligne les limites du captage de dioxyde de carbone (CCS) comme technologie d’appoint dans la transition écologique de l’industrie. En effet, le CCS présente des coûts élevés, une demande énergétique importante et des risques potentiels pour l’environnement. Le RAC recommande donc de limiter au maximum le recours au CCS et de privilégier d’autres solutions de décarbonation avant d’y avoir recours.
En somme, la transition écologique de l’industrie nécessite un engagement fort des acteurs, un soutien financier adéquat de l’État et des garanties solides pour assurer la réussite de ce processus crucial pour l’atteinte des objectifs climatiques.